Nous avons rencontré Paul, l'un des fondateurs de Vends-ta-culotte, alors que le site vient de fêter ses dix ans d'existence, une longévité remarquable dans le secteur. L'occasion de faire un point sur la situation du site et sur ses perspectives d'avenir.

Bonjour Paul. Après dix ans d’existence, comment se porte Vends-ta-culotte ?
VTC se porte très bien ! D'ailleurs, au passage, je préfère parler de "plateforme" plutôt que de site. Dans cette histoire, nous ne sommes au fond que des hébergeurs et ce sont les vendeuses les créatrices de contenu. Notre travail est d'offrir un outil agréable pour que les vendeuses puissent proposer leurs spécialités dans les meilleures conditions et que les clients soient nombreux et aient envie d'acheter.

Pour en revenir à notre situation actuelle, l’année 2021 a été une année record à tous les points de vue : de plus en plus de vendeuses utilisent la plateforme pour vendre leurs culottes, vidéos, etc... Elles ont aussi de plus en plus de clients. Enfin, de nouvelles fonctionnalités ont été ajoutées à l'outil, comme le café privé ou le "tipping" pour les cams (TV).

J'imagine que cela représente de plus en plus de travail ; vous arrivez toujours à gérer tout ça ?

Honnêtement, non. (rire) Non, sérieusement. On a pendant de nombreuses années tout géré à deux avec Jean-Mich', le cofondateur de VTC, en se faisant juste aider de temps en temps par des prestataires extérieurs mais, avec la croissance de l’activité, ce n’était plus possible. On a donc peu à peu étoffé l’équipe. D’abord, quelqu’un nous a rejoint pour s’occuper exclusivement de la modération. Ensuite, une autre personne est venue épauler Jean-Mich' sur la partie technique. Il y aussi une personne qui s’occupe de la communication, les réseaux sociaux, etc. Et enfin, on a accueilli une rédactrice pour le blog de VTC, qu’on est en train de développer et qu’on veut alimenter avec du contenu sympa. Tout ça en 2021 ! Aujourd’hui, avec l’équipe, on arrive à gérer mais à deux ce ne serait vraiment plus possible.

Ça devient donc une vraie entreprise !?

En quelque sorte, oui, et on est fiers d’être une petite entreprise 100% française, qui crée des emplois et paie ses impôts en France. On est aussi super fiers d’offrir un outil de travail sûr et efficace pour les vendeuses : depuis dix ans, nous avons acquis beaucoup d'expérience dans le domaine, et c'est important, surtout quand on voit le nombre de sites concurrents qui ont fermé. Notre idée depuis le début, c’est d’offrir un outil aux vendeuses, pour qu'elles aient un espace de liberté, qu’elles puissent vendre des spécialités sans se prendre la tête, gagner leur vie librement. Plus belle, plus libre, plus forte !

C’est cet esprit qu’on essaye de préserver dans un contexte qui est de plus en plus difficile pour le secteur adulte.

Vous pensez que les contraintes sont de plus en plus fortes, plus fortes qu’il y a dix ans ?

Très clairement. On le voit tous les jours. Dans l’ensemble de nos sociétés, il y a un certain retour d’un ordre moral, de la censure, qui cible très clairement et comme toujours la sexualité en général et la pornographie en particulier. Nous, nous avons toujours été légalistes et nous le sommes toujours. Nous sommes évidemment conscients de la nécessité de protéger des dérives qui peuvent exister dans le domaine du travail sexuel, qui doit bien sûr être encadré. Mais quand il s’agit de pointer du doigt telle ou telle pratique, entre adultes consentants et sans danger a priori, en cherchant plus ou moins explicitement à les interdire, là, on se pose des questions.

Pour vous, c'est la législation qui est de plus en plus restrictive ?

La législation est contraignante. Mais comme je vous le disais, il est nécessaire de poser des limites pour protéger les individus et ça nous l'acceptons. Nous ne sommes pas toujours d'accord avec toutes les dispositions légales françaises mais nous les respectons par principe. D'ailleurs, les contraintes, très fortes, subies par le secteur adulte ne sont pas principalement d'ordre légal. Ce sont de manières générales des pressions exercées par des entreprises privées, le plus souvent étrangères. Tous ceux qui travaillent dans le secteur connaissent bien cela.

Par exemple, nos comptes Twitter et Instagram ont été bloqués cet été sans que nous puissions en connaître la raison, alors que nous les développions depuis des années et que nous respections a priori les CGU. Aucune explication, aucun recours possible.

Autre exemple : beaucoup de prestataires refusent de travailler avec vous si vous faites du "charme". De manière générale, les banques vous rejettent et sans banque, de nos jours, on ne peut rien faire ! On l’a vu encore récemment avec les grandes boites de système de paiement en ligne qui ont imposé un diktak sans règles précises en menaçant de tout couper. Alors que tout ce que nous faisons est légal : c’est vraiment difficile à gérer.

C’est un danger pour l’avenir de Vends-ta-culotte ?

Ça pourrait être un réel danger, oui, si on ne faisait rien.

On l’a vu : beaucoup d'acteurs du secteur ont disparu, d’autres arrêtent l’adulte ou y réfléchissent, certains se cachent derrière un paravent de « généraliste » mais pour combien de temps encore ? Nous, nous n’avons pas honte de ce que nous sommes et de ce que nous faisons, et nous ne sommes pas disposés à nous laisser faire. L’objectif est d’être encore là dans dix ans !

Le site va donc encore évoluer dans les mois et les années à venir ?

Oui, bien sûr, c’est inévitable. A notre époque et en particulier sur internet tout va très vite et vous êtes obligés de toujours évoluer pour ne pas être dépassés.

D’un autre côté, on a toujours cherché à préserver l’esprit originel de VTC. On a envie de garder ce côté sympa, local, un peu artisanal, avec de vrais gens, quelque chose d’humain. Je crois que c’est ce que les gens viennent chercher chez nous, les vendeuses comme les acheteurs. On essaye de préserver un îlot d'humanité dans un monde toujours plus contraint, robotisé, anonymisé. On ne veut pas devenir une grosse plateforme industrielle obnubilée par le profit, avec des pubs qui clignotent partout, des profils douteux et des frais cachés dans tous les coins. VTC, c’est toujours la commission la plus basse du marché depuis sa création et ça n’a jamais bougé. On veut donc continuer d’évoluer à notre rythme, intelligemment, en restant très exigeants sur la qualité.

Tu peux nous donner quelques infos sur les prochaines évolutions à venir sur Vends-ta-culotte ?

On a une grosse nouveauté qui devrait arriver dans quelques mois et qui va avoir pas mal d’implications sur l'ensemble de la plateforme mais c’est encore un peu tôt pour en parler… (sourire) On en dira plus dès que possible ! En attendant, on va continuer d’intégrer régulièrement des fonctionnalités que les utilisateurs attendent. La prochaine, ce devrait être les catégories dans le studio. Il y aura aussi des évolutions pour renforcer encore la sécurité des utilisateurs.

Merci pour cet entretien, Paul.

Merci à vous et longue vie au blog de VTC !

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